Test Indé – Emily is Away

Emily Is Away est un jeu vidéo indépendant et visual novel créé par le développeur Kyle Seeley. Il a été publié en accès gratuit en novembre 2015, signant une excursion hors du temps unique qu’on recommande d’essayer, surtout pour ceux et celles ayant été collégien(ne) au début et milieu des années 2000. Amourette, espoir et cœur brisé sont au programme de ce titre peu commun.

Wizz Khalifa

Emily is Away est un jeu purement narratif, mêlant visual-novel et simulateur de drague. L’intrigue place le joueur dans la peau d’un adolescent des années 2000, l’aventure s’étalant sur cinq ans à partir de la fin du collège. Véritable voyage rétrospectif pour toute une génération ayant grandi en découvrant le monde numérique et les premiers pas du web grand public, l’œuvre de Kyle Seeley nous remémore une époque qui semble désormais bien lointaine. Ainsi, visuellement, Emily is Away se contente de n’afficher qu’un simili AOL Instant Messenger tournant sur un poussiéreux Windows XP. Le sound design est d’ailleurs assez brillant, proposant toute la panoplie de l’époque, à savoir l’ordinateur qui souffle, les clics de la souris à boule ou encore les notifications du software. Évidemment, le titre ne brille pas par ses graphismes, mais la fidélité retranscrite à l’écran fait mouche, frappant de nostalgie les connaisseurs. Une fidélité que le joueur retrouvera à travers la personnalisation de son profil, notamment en choisissant un des avatars disponibles, tous à l’effigie de la pop culture de l’époque, comme Harry Potter, Avril Lavigne ou encore Le Seigneur des Anneaux.

Une fois son profil personnalisé, l’aventure démarre enfin. Le joueur reçoit un message d’Emily (une de ses camarades de classe dont il est amoureux), auquel il devra répondre en choisissant une des trois propositions données par le jeu. Une fois choisie, il faudra simuler sa frappe au clavier ; assez original de prime abord, ce choix de game design finit rapidement par ressembler à un bourrage de touches, donnant lieu à des phases stupides et longuettes. Les échanges maladroits entre notre personnage et Emily sont au mieux naïfs, au pire très creux ; après tout, il s’agit là d’un flirt entre adolescents. Peu importe les choix du joueur, leurs conséquences ne seront que très peu différentes d’une partie à une autre. La fin est par ailleurs déterminée dès le début, et tant pis si on remonte le temps pour tenter d’influencer le futur de notre avatar. Comprenez par là que la conclusion, aussi triste soit-elle, est inévitable.

Conclusion

Objectivement parlant, Emily is Away est un titre laid, affreusement court, au gameplay absent et ne possédant aucune bande-son ; subjectivement, c’est un voyage empli de nostalgie pour quiconque a été adolescent au début des années 2000. Emily, c’est un peu la représentation de cette fille ou de ce garçon dont on était amoureux, tentant de deviner ses sentiments simplement derrière un écran. Répondre vite, effacer son message avant l’envoi, s’impatienter de la réponse de l’autre, tenter de démêler le vrai du faux, les espoirs et les regrets, se prêter au flirt ; tout cela, Emily is Away le capte et le retranscrit à la perfection. La conclusion, très juste, nous rappelle aussi à quel point cette époque pleine d’insouciance est désormais lointaine. Comme tous ces amis que l’on avait au collège et au lycée, Emily s’est éloignée petit à petit, pour finalement disparaître sans rien dire. Pas forcément immanquable, Emily is Away a surtout le mérite d’être original et gratuit. 6 sur 10.